Bon ben, respirons par le nez...!

Bon ben, respirons par le nez...!

lun, 22/06/2020 - 10:04
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Pendant les deux derniers mois où le temps s’est figé, il m’arrivait de rêver la fin de cette crise pandémique en sortant sur ma galerie et lançant un grand cri de libération. L’horloge pensais-je, stoppée abruptement le 12 mars dernier, reprendrait allègrement son tic tac, égrenant le temps comme s’il ne s’était rien passé.

Les rêves ne se réalisent pas toujours, surtout les plus beaux. Quand on a annoncé le déconfinement progressif, au lieu d’un grand cri sur la galerie, ce fut, sur le seuil de la porte : « Bon ben respire par le nez. » Et n’oublie pas ton masque.

L’horloge a repris son tic tac mais le pendule est plus lent on dirait. Il fait tic……..tac. Lui aussi respecte le deux mètres. Comme moi à l’épicerie du village. Derrière mon panier roulant, mes pas sont lents, traînants. Impossible (et interdit) de dépasser. De nature je ne suis pas quelqu’un de « speedé », donc ça ne m’affecte pas trop. Je respire par le nez tout en étudiant les nouveaux comportements que la pandémie nous a imposés. Fini les rencontres dans l’allée et la jasette impromptue.  Les regards sont furtifs, presque méfiants. À chaque fois je me rends compte que je suis souvent seul à porter le masque. Craignant la potentielle seconde vague, j’aime autant m’y habituer tout de suite.

Chez Canadian Tire, hormis le lavage des mains en entrant, on dirait que la Covid n’a jamais existé. Les clients circulent dans tous les sens, se croisant épaule contre épaule, plusieurs jasant de tout et de rien. Chez nous, Canadian Tire a remplacé le parvis de l’église pour la transmission des potins des villages alentours. La seule chose qui diffère, c’est le « line up » aux caisses. Longue file interminable, désinfection entre chaque client oblige. Encore là, faut prendre une grande inspiration par le nez.

La semaine dernière, sur une cinquantaine de clients, j’étais, à ma grande surprise, seul à porter le masque. Certains me regardaient comme si j’étais un extraterrestre. Contaminé peut-être? Et à chaque rencontre dans l’allée, l’autre, affectant un air suspect, faisait un détour pour m’éviter. Je riais dans mon masque en constatant le pouvoir répulsif qu’il me procure.

« Et n’oublie pas ton masque, pis tu attends dehors que je t’appelle ». 

Mi-mai, dès qu’elle fut autorisée d’ouvrir, j’ai pris rendez-vous chez ma coiffeuse. Le 16 juin, m’a-t-elle répondu. Ouch! Une tignasse de trois mois et demi… « Et n’oublie pas ton masque et tu attends dehors que je t’appelle », m’a-t-elle enjoint.

« Et comment vas-tu tailler ma barbe, lui demandai-je ? » «Oh!... je n’y ai pas encore pensé à celle-là…» Bon, on verra bien.

Quand le gouvernement a mis le pays à l’arrêt en mars, j’ai eu cette réflexion : la pire chose qui peut m’arriver, c’est un mal de dent. Je ne sais pas pour vous mais pour moi, un mal de dent, ça fait mal. Et par malchance, ça m’est arrivé. Infection à une molaire. Douleur lancinante, surtout la nuit. J’ai respiré très fort par le nez pendant quelques jours avant de m’ hasarder à appeler mon dentiste. Sachant qu’il pouvait traiter les cas urgents, j’ai composé le numéro de la clinique. D’abord une boite vocale me demande de laisser mon numéro de téléphone. Dans la demi-heure, une préposée me rappelle pour s’informer du problème. Elle me demande de prendre une photo de la dent récalcitrante, lui envoyer par Messenger pour qu’elle l’achemine ensuite au dentiste confiné chez-lui.

Pas facile de photographier la dernière dent du fond avec un téléphone… J’en avais des crampes aux mâchoires. Puis mon bon dentiste m’a rappelé pour me rassurer et me dire qu’une prescription d’antibiotique m’attendait à la pharmacie. Dix jours à avaler ces pilules plus grosses qu’une fève chili, en attendant la réouverture des cliniques dentaires et à respirer par le nez.

Mon rêve de grande évasion cet été s’est évanoui au réveil du déconfinement, qui n’en est pas tout à fait un vous conviendrez. Masque, deux mètres, pas plus de dix, lavage de mains, etc.

Bon ben, bon été à vous tous quand même chers lecteurs (trices) et… respirons par le nez.