À Sallana et Piura, là j'ai vu un arbre à saucisse de Bologne et un comptoir isolé où l'on nous servait la meilleure crème glacé faite de lait de chèvre. Nous faisons un détour pour voir Cajamarca lieu historique où l'Incas perdit son empire. Lima la capitale avec son quartier chinois où je découvre aussi un restaurant français; il faut le dire je suis la guide gastronomique du groupe. À quelques kilomètres de la mer, où nous avons faillit perdre un des enfants, Pierro, emporté dans un ressac. Il fut sauvé par Charles qui fit preuve de courage, de bravoure et tel que je le connais, surtout de témérité.

Au Pérou, c'est pour aller voir Cuzco et surtout le Machu-Picchu. Sur l'altiplanos, en mars, c'est l'automne : marché public, nourriture de rue, costumes locaux. À Cuzco, c'est l'immense, je dirais même l'indécente cathédrale ornée d'or véritable, tandis que les gens marchent pieds nus.

Départ pour Machu-Picchu; le train entame une descente que j'appelle en cerceaux, avance et recule en plusieurs mouvements afin de regagner le niveau de la rivière plus bas de 2000 mètres, où les voies ferrées suivent son parcours. À la gare, nous remontons les 2000 mètres en autocar vers Matchu-Picchu. Quelle merveille! Des fondations de maison de pierres sculptées à partir du sommet de la montagne et en face, une forteresse érigée à même l'autre sommet. Puis les gradins qui servaient à l'agriculture. Il faut mentionner que l'arrivée de l'eau a été planifiée à même des sources à cette hauteur.

La Bolivie, le lac Titicaca, La Paz la capitale administrative est une ville en cuillère comme Caracas. À l'évidence, nous sommes dans les Andes: géographiquement cela veut dire escarpements et pentes et le centre-ville en bas avec ses ambassades et ses restaurants. Nous trouvons un hôtel dans les hauteurs entourées des boutiques des sorcières, d'une pastelleria où sont servis dans un volcan de purée de pomme de terre, des rognons sauce moutarde. Nous apprécions aussi le restaurent de l'ambassade Italienne. J'apprends que sur les 112 présidents de la Bolivie qui se sont succédés, aucun n'était Quetchua ou Aymara. 

C'est à La Paz que j'arrête de fumer la cigarette, ayant changé de marque à chaque pays. Ma décision est prise au jour le jour pour que ce soit moins lourd. Je garde mon dernier paquet dans mon sac.

De passage à Oran et Tucuman, nous voilà en Argentine à faire le plein. Un Argentin remarque notre plaque du Québec et nous invite chez lui. Il nous organise une entrevue à la radio locale, et il nous programme une soirée dansante de Tango.

Je n'avais jamais dansé le Tango. Pourtant je ne lui marche pas sur les pieds, je fais les pas guidés par sa main, comme une poupée mécanique actionnée par des boutons dans le dos.

À regret, nous le quittons pour la route vers Cordoba et Rosario, contrée où est née Mercedes Sosa, grande chanteuse que nous irons voir en concert à la salle Vincent d'Indy à Montréal quelques années plus tard.

À Buenos Aires, début juin, rendez-vous à l'ambassade du Canada. Mon superviseur de Radio-Canada attend mon retour. L'art déco du métro me fais sentir un peu en Europe. Décidément, la politique me suit. Je voie partout des messages de campagne électorale : « Peron dirige, Isabellita verticalise ». C’est le retour de Peron après la fin du régime militaire. Le chauffeur de taxi m'explique: « Peron c'est comme Dieu, Isabellita c'est comme la vierge qui intercède pour nous auprès de Peron, COMPREDE? » Je comprends surtout « Le ciel est bleu, l'enfer est rouge » , lors des campagnes sous Duplessis.

Il n'est pas évident de vivre ensemble à 13, même si on a eu l'idée géniale d'avoir trois véhicules où chacun vient bouder durant quelques jours, vit divers moments et des escapades.  Après 11 jours en Argentine, Charles et moi rentrons à Montréal. Voilà la parenthèse de ces huit mois de découvertes. Je tenais bon dans mon sevrage de cigarette. Qu'est-ce qui m'attend au retour?